samedi 9 février 2013

Témoignage d'une journée historique au Jallaz

Arrivé sur les lieux vers 11h30, on était sur l’avenue menant au cimetière et l’entrée de l’hôpital militaire. L’endroit était déjà noir de monde, à droite et à gauche, des citoyens affluant vers l’entrée principale de la mosquée du cimetière, mais aussi des visages de certain jeunes, une vingtaines d’années pour les plus âgés d’entre eux, des jeunes de nos quartiers, parlons sans langues de bois, des jeunes de nos quartiers chaud, les victimes du régime de Ben Ali.

Je ne veux porter de jugements, mais je doute fort que ça soit pour soutenir le cortège de Chokri Belaid, au mieux c’était de la curiosité pour certain de l’opportunisme pour d’autres.

(Ces derniers étaient ces mêmes visages que j’ai vu la veille à l’avenue de Paris et au niveau du « Passage », les mêmes qui jetaient des pierres aux flics tout en chantant des hymnes footballistiques, d’ailleurs la plupart n’étaient non pas sur la rue principale, mais dans les rues adjacentes. C’es mêmes que les flics en civile arrêtaient hier, à titre préventif. Je ferme la parenthèse de ma journée d’hier, en disant que j’étais témoin de bagarres de « quartiers» au niveau de la station de métro.)

Tout le monde était amassé, dans les rues, dans les ponts, dans les collines, de foules compactes, pleurant le défunt et scandant des slogans contre le régime.

Perché sur le haut de la colline, on entendit vers 13h30 des tirs, on a tout de suite reconnu que c’était des tirs de gaz, mais on s’est consolé en disant que c’étaient des tirs pour saluer le cortège du défunt. On fit tout de suite ramené à la réalité des choses en voyant la fumée blanche monter. La rumeur des casseurs commença alors à circuler, pour être ensuite confirmé.

Ensuite, au niveau du pont, en face de la gare des louages, les effets du gaz commençaient à se faire sentir. C’est alors qu’un contingent des BOP passa, se dirigeant selon toutes vraisemblances vers les lieux d’affrontements, c’est alors que les « dégage » commençaient à s’élever mais heureusement que certaines personnes essayaient de calmer la foule. Le contingent fut poursuivi par certain et on voyait un mouvement de foules, ça commençait à dégénérer.

Quelques instants plus tard, le cortège de Chokri fit son apparition, passant sous le pont, le mouvement de foule se voulait alors plus dynamique mais on entendit de plus en plus de tirs de gaz lacrymogène.

Une chose est sûre, certain n’étaient pas la pour Chokri Belaid, ni pour la Tunisie d’ailleurs. Les voitures de citoyens étaient saccagées et brulées par des casseurs, la plupart jeunes d’après les séquences paru sur les télés. Perdus et n'ayant eu comme culture que la culture des stades et l’affront de la police ? Envoyés par certains pour semer le trouble ?

On peut affirmer que les jets de pierres sur la foule ne peuvent confirmer qu’une seule chose : une volonté d’entacher les obsèques grandioses de ce militant au cœur de lion.

Les funérailles pouvaient être mieux organisées avec plus de militaires et plus de chaines humaines de volontaires, mais le temps, les conditions et surtout le nombre important de nos concitoyens ont sans doute joué un rôle important.

Etant dans la rue depuis le début des affrontements un 6 Février, je peux affirmer que la police n’a pas été exemplaire et n’a pas su gérer, gazant les manifestants à tout va sans aucune raison plausible dans l’avenue Habib Bourguiba dans la plupart du temps. Cependant, la police a assuré l’affront des casseurs et pilleurs qui voulaient mettre le centre ville à feu et à sang, le nombre de braquages à l’avenue de Carthage et l’avenue de la gare ne peuvent qu’en témoigner … Aujourd’hui encore, ils étaient là pour contre carrer les pilleurs, la volonté y était mais peut être pas la manière encore une fois. Nos ennemis ne sont pas les agents de l’ordre, nos ennemis sont les ligues de protection de la révolution, les pilleurs, les casseurs et les assassins des hommes libres.

Les funérailles étaient grandioses, les plus grandes sans doutes de l’histoire de la Tunisie indépendante, un message clair à nos oppresseurs. Chokri Belaid est à présent sous terre, mais sa voie ne devra jamais se taire. On doit perpétuer sa mémoire en continuant à parler, comme il l’a toujours fait, sans peurs et avec courage. Etre présent sur le terrain comme il l'a toujours fait, sans peurs et avec courage. Défendre les pauvres et les opprimés comme il l'a toujours fait, sans peurs et avec courage.

Repose en paix héros de la nation.

إذا الشعب يوماً أراد الحياة، فلا بدا أن يستجيب القدر

Longue vie à la Tunisie, longue vie à son peuple libre.



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