mercredi 5 septembre 2012

Bref, j’ai cogité au bureau …

Etudier, réussir, obtenir son diplôme, être embauché dans une boite de renommée … Un rêve en soi pour certains encouragés par les dictas de la société. Oui tu vois encore ces magnifiques affiches et autres spots publicitaires de cette marque qui réussit, éblouit voir envoûte  tu te vois bien travailler dans une atmosphère imprégnée par l’aura que dégage ce logo qui symbolise une réussite …

Le premier jour de ton premier boulot, tu pars sous les yeux émerveillés de tes parents qui ressentent cet incroyable sentiment de devoir accompli … La pub« Il y a des choses qui ne s’achètent pour tout le reste il y a … » (Vous finirai la phrase tout seul comme des grands, après un long matraquage vous avez appris par cœur les slogans de cette carte qui vous extorque et vous traque ou que vous soyez) prend tout son sens.

Entré dans l’antre de la bête, tu découvres (enfin?) les personnes qui font de cette marque ce qu’elle est …

Ils travaillent tous d’arrache pied, comme des lutins, leur patron représente un véritable père noël. Pas pour eux seulement, pour vous aussi, c’est lui qui fait en sorte de vous procurer ces cadeaux (que vous vous verrez offrir à vous-même ou l’un de vos proches et que vous offrirez à votre tour), qui vous donnent cette incroyable sensation de satisfaction une fois déballé et en main avant que cet effet ne s’estompe rapidement … Mais ne vous inquiétez surtout pas ! Les pères noëls de la boite veillent à ce que vous achèteriez toujours …  Afin de parachever cette tâche ils comptent forcément sur leurs lutins, ils savent pertinemment que ces derniers veilleront des nuits afin de satisfaire le grand gourou.

Ils l’aiment, ils l’adulent, ils le vénèrent leur père noël ! Ils peuvent très bien le détester, mais ils sont tous, en fin de compte, victimes du syndrome  de Stockholm. Au bout du compte, ils aspirent tous à devenir un jour, père noël. 
Eh oui, l'objectif ultime de tout lutin, à la clé des rennes et un traîneau offert par la fabrique de rêves (qui, évolution obligent ont pris formes en grosses cylindrées. Au bout du compte c’est des produits d’autres fabriques de rêves). Tout lutin rêve d'avoir, comme son patron,une grands villa, une mère noël (de préférence au foyer pour certain) et d’enfants … 
Leurs rêves sont, en fait, un véritable catalyseur qui leur profèrent cette magnifique force de travail, faut savoir qu'un lutin bosse plus de neuf heures par jour. Ils rentrent las, fatigués, chacun sa manière de se consoler mais se conformant tous à la notion « d’opium du peuple » ; le soir c’est la bière pour certain la prière pour d’autres.
Ces êtres sont assidus donc, avec des performances ahurissantes des fois !
Des apnées à en faire pâlir les Mellouli et autre Phelps : ils peuvent rester jusqu’à trois heures sans bouger de leur « post »  (n.m résumant l’agrégation d’une chaise, d’un bureau et d’un ordinateur). 
La discipline est aussi de rigueur, les lutins se parlent peu, sourient rarement et ont toujours l’impression d’être poursuivis par un ogre : la peur de faillir.
C’est tellement facile d’échouer vous savez, il suffit de se pointer avec un peu de retard à la fabrique ou tout simplement d'éclater de rire avec son collègue pour s’attirer les foudres du père noël de service. Il faut dire que le regard du père noël n’est jamais loin, son bureau surplombe dans la plupart des cas la chaîne  donnant une vue imprenable sur tous les disciples.

Les lutins n’ont pas que des devoirs, ils ont aussi des droits ! Dix minutes de pauses chaque quatre heure et une heure de pause déjeuner ! Une !
Les voilà qui partent en masse se délecter de succuleux sandwichs et autres fritures qui bouchent agréablement leurs artères et augmentant grandement le risque de diabète. Leurs magnifiques  cellules  sont inlassablement grillées par les ondes dégagées par la tour de radio de la fabrique et autres périphériques électroniques. On vous certifie une cuisson à point avec une exposition de 45h par semaine. L’espérance de vie d’un lutin est certes longue, mais la qualité de sa santé s’en voit frappée d’un coup.

Les lutins sont de bons travailleurs dévoués à la tâche mais ils innovent rarement parce qu’ils n’ont pas l’opportunité de le faire et tout simplement plus la volonté.
On peut considérer les lutins comme des produits, des morceaux de bois taillés pour correspondre à une pièce  qui complémente ce magnifique puzzle que constitue la fabrique. La fabrique de rêves de certains (familièrement « cons-sommateurs »), est paradoxalement la déchetterie  des rêves de lutins.

On ne peut tout simplement pas en vouloir au lutin : il est tellement fatigué au bout de la journée qu’il n’a plus le temps de réfléchir. L’esprit libre qui réclame l’art, le théâtre, les réflexions et  les livres comme principal aliment, survit en ayant droit à des intraveineuses de temps à autre. Le lutin n’a pas le temps de parcourir d’autres contrés, plus jeunes lorsqu’il en avait, il n’en avait pas les moyens nécessaires. Il ne peut non plus se vêtir comme il le souhaite et porter les vêtements dans lesquels  il se sent le plus à l’aise, des codes strictes sont préalablement fixés par la fabrique. Comme pour résumer un tout, la phrase la plus répétée par un lutin à longueur de journée est « je n’ai pas le temps pour ça».

On ne peut pas non plus en vouloir aux pères noël et leur reprocher l’exploitation des lutins de la sorte, ils peuvent essayer d’être sympa avec leurs disciples, mais eux aussi sont victimes des directives qu’ils reçoivent de leurs dieux. Ces dieux justement, le père noël leur obéit au doigt et à l’œil, il en entend parler mais ne les a, dans la plupart des cas, jamais vu. Distance oblige, ils vivent sous d’autres cieux !




La vie et le chemin du bonheur, se résument ainsi pour la plupart des professionnels à chercher à grimper sur une échelle, de longueur quasi fixe. On ne détourne ainsi plus nos regards et y fonce, essayant de le faire au plus vite, sans prendre le temps de chercher à tracer d’autres chemins. Tous ceux qui s’aventurent d’ailleurs à en chercher sont persécutés, foudroyés et finissent malheureux … La bonheur n’est plus un sentiment mais un objet … La notion d’amour est remplacée par l’intérêt ...

Vous connaissez tous la fin de ceux qui avaient dit un jour « essayer de vivre ensemble en paix et en harmonie » : Ali, Othman, Omar, Gandhi, Lincoln, Che Guevara, Mohamed Boudiaf, John Kennedy, Bobby Kennedy, Martin Luther King, Medgar Evers, Malcolm X, John Lennon, Benazir Bhutto, Isaac Rabin, Yasser Arrafat …

Vous ne voyez donc pas qu'on travaille trop? Qu'on ne s'amuse pas assez? Qu'on a pas le temps de voyager dans nos vies? Qu'on nous donne plus l'opportunité de réfléchir et même quand on l'a, on est dans l'incapacité d'agir?

Les lobbies lobotomisent les cerveaux et les esprits, conditionnent les corps et les âmes opprimant les prédicateurs prêchant un discours de toute nouvelle ère (souvient toi de l‘occupy dernier) à coup de détournements d'attention et de manipulation pour servir l’intérêt d'une minorité laissant le reste de la population humaine pour compte. 


N'est-il pas temps de se révolter contre ce système? N'est-il pas temps de changer la manière de travailler? N'est-il pas temps de restreindre les restrictions et d'étendre les libertés? N'est-il pas temps de réclamer le temps pour vivre? 






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