Ce samedi, se voulait une journée pour revendiquer les libertés et le droit d’expression. Une manifestation qui a rassemblé ENORMEMENT de personnes. Sept à huit milles (voire plus) étaient là pour crier haut et fort (à leurs manières hein) leur droit le plus légitime.
Cependant, comme les partis d’opposition étaient les initiateurs de cette manifestation, il fallait compter sur les barbus et autres « citoyens » pour venir la contester … De quoi rire !
Le ridicule ne tue pas, et malheureusement, ceux qui surnomment mesquinement l’opposition de zéro virgule (bien qu’aujourd’hui et vu le nombre de manifestants c’était eux le zéro virgule) sont venus témoigner leur opposition … à cette manifestation ! ! ! Une centaine de personnes, mais très agressives et dépourvues d’étiques, au vu des slogans et des injures qu’ils ont lancés aux manifestants. Venus contester la marche de la liberté, on peut se demander si l’oppression leur manque…
Ces gens étaient une poignée certes, mais ils se sont autoproclamés défenseurs de Dieu, détenteurs du savoir, bien éduqués et surtout représentants du peuple … Bref des surhommes ! Si Nietzsche cherchait encore son « Zarathoustra », c’est sur l’avenue Habib Bourguiba qu’il aurait fallu qu’il soit aujourd’hui.
Un spectacle déplorable qui révèle, encore une fois, une discorde plus profonde. Serais-ce de l’ignorance ? Serais-ce du masochisme ? On se le demande. Peut-être qu’il est temps de parler, pour une fois, d’une lutte des classes !
On ne peut pas y échapper, et pour cause : arrivé sur les lieux, on pouvait constater que Channel, Bureberry, Lacoste, Gucci, Rayban, Guess, Diesel étaient de la partie. Des personnes connues et moins connues, très bien vêtues et souriantes. Il suffisait de jeter un œil sur le petit parking de l’ancien Abu Nawas Tunis, pour admirer les derniers modèles des grandes firmes allemandes. Ça discutait actualités nationale et internationale, forum de Davos, médecine, droits pendant que d’autres ne se séparaient pas de leurs BlackBerry, iPhone ou Galaxy S2 répondant à leurs mails ou consultant simplement Facebook. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre que c’était l’élite sociale qui était rassemblée, entre artistes, bloggeurs, professeurs, médecins, journalistes connus et militants de l’ATFD, de la LTDH et d’autres associations, sans oublier ceux engagés politiquement. Pour beaucoup, c’était des retrouvailles, avec les stars du jour, le doyen de la faculté de la Manouba entouré de ses professeurs.
Ils ont commencé la marche le sourie, avec leurs pancartes en carton renforcé ou encore des banderoles tout droit sorties de l’imprimerie. Il fallait juste s’approcher de cette élégante dame portant son vison, bien que soleil tapant, pour sentir la dernière fragrance. A peine qu’une personne trébuche qu’on entend un « pardon » ou un « ça va ? Faite attention à vous », le tout accompagné d’un petit souris très courtois.
La foule avançait paisiblement appelant à la liberté, à la dignité, à la justice sociale, à l’employabilité ou encore à honorer la mémoire des martyrs. Bref, pour les présents, beaucoup de nostalgie et d’émotions et pour cause les slogans et surtout les visages rappelaient le 14 Janvier 2011.
Arrivé à la place du 14 Janvier, un groupuscule, composé de beaucoup de barbus et de femmes voilées, attendait la grande foule. Surpris et dépassé par le nombre du côté «adverse», ils étaient là, et on pouvait le sentir, la haine dans les yeux. Ils ont commencé à dénigrer les manifestants les accusant qu’être des restes du RCD ou encore de zéro virgule. Des personnalités, comme Saida Garrach, en riaient peut être, mais c’était malheureux. Finies les grandes marques, finis les senteurs de parfums ! Même pas l’odeur d’un simple déodorant, le teint un peu plus foncé, les cheveux plus crépus, un Français à faire retourner Hugo dans sa tombe. Une chose est sûre : ils représentaient tout sauf la high society.
Commencèrent alors les provocations : « Tata rentre chez toi lavez ton linge ! », « il est où ton mari ? », « Tu ressembles à tout sauf à un homme ! », « Vous êtes des mécréants ! », « Espèce de p***** couvre ta poitrine ! », « Regarde ta jupe et ton décolleté ! » et une qui nous a, sans doutes, le plus marqué et qui témoigne de cette rancœur : « Vous manifestez pourquoi ? Par excès de rassasiement ? ». Des personnes furent tirées par leurs pulls, d’autres agressées verbalement, avec un terrible manque de respect, surtout envers les femmes, signe d’un grand complexe. Le passage par l’avenue Habib Bourguiba, avec ces inquisiteurs qui se mirent à suivre la foule en s’y infiltrant pour la provoquer et pourrir l’atmosphère, tournait à la dérision.
La marche continuait en dépit de tout, pour se terminer à la place de la République, sans incidents majeurs ; la police, n’intervenant qu’en cas d’agression physique, restait spectatrice pour la plupart des agressions verbales. Les barbus et les voilées profitèrent l’éparpillement de la foule pour lancer des fameux « dégage », restant sur leurs frustrations, car les manifestants ne leur avaient même prêté attention.
En avaient-ils contre les slogans ? NON, plutôt contre les personnes, à travers un complexe d’infériorité. D’autres étaient là à baver sur les filles qui passaient, leur lançant des regards pervers et les traitant de filles faciles, provoquant, parfois, leurs accompagnateurs en les traitant de mi-homme.
Si beaucoup se sont félicités de la réussite de la marche y voyant une parade « contre le régime », une marche qui n’a pu être contrée malgré tous les efforts déployés par les sympathisants du gouvernement actuel, elle relève, néanmoins une profonde plaie béante et infectée au fin fond de la société civile tunisienne, une haine, une rancœur et un désir de vengeance contre l’élite sociale/culturelle tunisienne.
Et si la vraie révolution restait à faire ?
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